Macron au Rwanda: “Je viens reconnaître nos responsabilités” dans le génocide de 1994
“En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, ce jour, je viens reconnaître nos responsabilités”, a déclaré Emmanuel Macron dans cette allocution empreinte de solennité, prononcée après une visite du musée du mémorial. “Reconnaître ce passé, c’est aussi et surtout poursuivre l’oeuvre de justice. En nous engageant à ce qu’aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper au travail des juges”, a-t-il ajouté.
Le président français a toutefois estimé que la France “n’a pas été complice. Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n’avaient pas le visage de la France”, a-t-il déclaré: “Le sang qui a coulé n’a pas déshonoré ses armes ni les mains de ses soldats qui ont eux aussi vu de leurs yeux l’innommable, pansé des blessures, et étouffé leurs larmes.” Mais “au lendemain, alors que des responsables français avaient eu la lucidité et le courage de le qualifier de génocide, la France n’a pas su en tirer les conséquences appropriées”, a-t-il poursuivi.
La France “a un devoir: celui de regarder l’histoire en face et de reconnaître la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de la vérité”, a-t-il estimé.
“En voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d’un régime génocidaire. En ignorant les alertes des plus lucides observateurs, la France endossait une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu’elle cherchait précisément à l’éviter”, a-t-il poursuivi.
La question du rôle de la France avant, pendant et après le génocide des Tutsi du Rwanda a été un sujet brûlant pendant des années, conduisant même à une rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali entre 2006 et 2009. Un rapport d’historiens publié en mars et dirigé par Vincent Duclert a conclu à des “responsabilités lourdes et accablantes” de la France et à l’”aveuglement” du président socialiste de l’époque François Mitterrand et de son entourage face à la dérive raciste et génocidaire du gouvernement hutu que soutenait alors Paris.
Le président rwandais Paul Kagame avait alors salué un “important pas en avant vers une compréhension commune de ce qu’il s’est passé”.
Belga