Accusé de détournement de 257 milliards, Jean Marc Téliano fait une importante précision
Peuple de Guinée, Peuple du 28 Septembre 1958 !
J’ai été outré et surpris d’apprendre à la Télévision nationale et sur les sites, des dénonciations calomnieuses pour ternir mon image en ma qualité de citoyen, leader politique, ancien député et ancien Ministre de l’Agriculture de décembre 2010 au 05 Octobre 2012.
Permettez-moi de vous donner quelques éclaircissements pour connaitre de quoi il s’agit exactement :
J’ai été nommé Ministre de l’Agriculture le 22 Décembre 2010. Un an après, mi-février 2012, le gouvernement a initié une campagne agricole pour appuyer la paysannerie guinéenne en intrants et équipements agricoles.
Pour la mise en œuvre de ce vaste programme, il a été décidé en Conseil des ministres de la mise en place d’un Comité interministériel composé de huit (08) ministres dont :
Ministre du plan : Monsieur Souleymane CISSE
Ministre du Contrôle Economique et des Audits : Monsieur Aboubacar Sidiki KOULIBALY
Ministre du Commerce : Dorval DOUMBOUYA
Ministre de la Sécurité : feu Général Mamadouba Toto CAMARA
Ministre de l’Elevage : feu Général Mamadou Korka DIALLO
Ministre des Transports : Monsieur Ahmed Tidiane TRAORE
Ministre du Budget : Monsieur Mohamed DIARRE
Ministre de l’Agriculture : Monsieur Jean Marc TELLIANO.
Ledit Comité était présidé par le Ministre du Plan d’alors, Monsieur Souleymane CISSE. Je précise que le ministre de l’agriculture n’était qu’un simple membre de ce Comité et n’avait donc aucune prérogative de décision ni de signature.
C’est ce Comité qui a géré la campagne agricole 2011-2012 dont il est question aujourd’hui, en collaboration avec la Chambre nationale d’agriculture représenté par son président, appuyée par l’Union nationale des transporteurs de Guinée également représenté par son président.
Par ailleurs, le schéma du Conseil des ministres avait prévu que les membres du gouvernement soient désignés comme parrains dans chacune des préfectures du pays, en collaboration avec les gouverneurs de région, les préfets et les sous-préfets.
Ainsi vu, c’est toute l’Administration nationale qui était engagée dans la gestion de cette historique campagne agricole. Le budget prévu pour ces opérations était géré directement par le ministère des finances, sous la responsabilité du président du Comité interministériel.
Je souligne encore que le ministre de l’agriculture n’avait ainsi aucune prérogative de décision ou de gestion dudit budge
Une autre précision importante : le fournisseur des engrais qui est l’entreprise TOGUNA du Mali a été personnellement choisi par le Chef de l’Etat qui a, lui-même, discuté et fixé les prix, validés par un arrêté du Premier ministre, Chef du gouvernement.
Les paiements étaient ainsi assurés directement sur le compte du fournisseur à la BISCIC par le ministère des finances via la Banque centrale de la République de Guinée.
Ce qui veut dire, tout naturellement, qu’aucun fonds n’a transité par le Ministère de l’agriculture. Il en est de même des montants alloués à tous les autres intrants et équipements de cette campagne agricole 2011-2012.
Même les camions pour le transport des engrais, par exemple, à partir de Kankan pour les autres préfectures, étaient directement négociés entre le Président de l’Union nationale des transporteurs de Guinée et le Président de la Chambre nationale d’agriculture de Guinée.
Pour le séjour du Comité ministériel à Kankan où était basé le centre des opérations et pour les missions des autres membres du gouvernement dans les différentes préfectures du pays, les perdièmes et autres traitements étaient payés par le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation sur présentation d’un ordre de mission délivré par le Secrétaire général du gouvernement.
Moi-même, en ma qualité de chef du Département de l’agriculture, mes frais de mission étaient payés par le même circuit. Une preuve du mépris et du rabaissement que j’ai subi et supporté à cette époque.
Mais avec le recul, je me sens heureux parce que l’histoire me donne raison aujourd’hui. Je peux dire haut et fort que je n’ai jamais géré un seul centime de cette campagne agricole 2011-2012.
Est-il besoin de rappeler ici que toutes ces multiples brimades et autres manquements que j’ai vécu dans l’exercice de ma fonction de ministre, m’ont d’ailleurs poussé, à la date du 05 Avril 2012, à adresser un courrier au Président de la République, avec ampliation au Premier ministre et au Ministre du Contrôle économique et financier, pour solliciter une mission mixte d’audit de la gestion de mon ministère portant sur :
1- la campagne agricole 2011-2012 : situation financière des intrants agricoles (engrais+herbicides), gestion du carburant avec l’état de la ventilation, prestations diverses, subvention relative aux missions des membres du gouvernement, gestion de la filière cotonnière et des semences.
2- l’exécution du budget de fonctionnement du Département, exercice 2011-2012, fourniture et biens courants, fourniture biens spécifiques, prestations diverses, acquisitions de matériels avec services faits, frais de missions et indemnités, subventions et investissements.
Les résultats de ces audits (dont vous pourrez certainement vous procurer) vous édifieront clairement sur cette situation incongrue et inconfortable que je vivais à l’époque, au-delà de l’amalgame que certains souhaiteraient installer en m’accusant de détournement. Retenez que le Ministre de l’agriculture que j’étais n’avait aucun moyen d’accès aux fonds de la Campagne agricole. La plupart des membres du Comité interministériel qui a géré cette Campagne sont encore vivants et joignables. Le Président de la Chambre nationale d’agriculture est toujours le même. Je proteste vigoureusement et dénonce avec la dernière énergie cette cabale engagée contre moi pour souiller ma personnalité, sans aucun fondement d’enquête sérieuse et juste. Je réagirai à temps opportun pour rétablir ma notoriété, en rétablissant la vérité dans toutes ses dimensions.
Mais d’ici là, je tiens à rappeler que déjà en 2012, lorsque le Président de la République avait insinué les mêmes démarches de souillure contre ma personnalité, en m’accusant devant les médias d’avoir surfacturé les engrais, j’avais convoqué ici une conférence de presse au cours de laquelle j’avais publiquement démenti le Chef de l’Etat. Les preuves existent encore au niveau des médias concernés.
Aujourd’hui, j’ai tenu donc à donner les présentes précisions par voie de presse parce que c’est par voie de presse (et –tenez-vous bien- dans le journal télévisé officiel de la Télévision nationale de la République de Guinée) que j’ai suivi le communiqué de la CRIEF m’accusant de détournement de fonds.
Pince sans rire ! Parler de détournement de 257 milliards de francs guinéens au profit d’un seul citoyen guinéen, fût-il tout-puissant ministre, dans les années 2012, sous le contrôle d’un Comité interministériel, révèle une plate et triste méconnaissance du circuit de finances publiques de ce pays.
Mais rien n’est pressé : j’aurai à revenir plus pédagogiquement et plus élémentairement sur tous les détails à temps opportun, et certainement devant les instances judiciaires de la République que j’attends de pieds fermes.
Conakry, le 1er Aout 2022
Honorable Jean Marc TELLIANO Ancien Ministre.