Principes démocratiques en Afrique : renforcer les bases juridiques de l’Union africaine (Par Youssouf Sylla)
Au Mali, Assimi Goita a choisi un 25 mai, date anniversaire de la naissance de l’Organisation de l’unité africaine, devenue l’Union africaine en 2002, pour s’attaquer à l’objectif de promotion des “principes et des institutions démocratiques” inscrit à l’article 3 de l’acte constitutif de l’UA. Ce type d’attaques est légion en Afrique.
L’UA a donc besoin d’être évaluée de manière indépendante sur la mise en œuvre de ce principe dans le continent, mais aussi, de renforcer dans ses textes fondateurs, les faibles bases juridiques de ce principe à travers notamment, l’adoption d’un protocole dédié sur la question démocratique. L’objectif de cette démarche est de rendre l’Union africaine intraitable face aux cas de régression démocratique dans ses Etats membres.
Mais tout ceci ne peut se faire qu’avec la volonté décisive des chefs d’Etat et de gouvernement, étant donné qu’ils sont les auteurs des règles internationales émises par l’UA. Seront-ils disposés à le faire étant donné qu’ils tiennent jalousement à leurs souverainetés nationales? Telle est la grande inconnue !!
Pourtant, de nombreux facteurs plaident en faveur de leur rapprochement sur la question démocratique. Il y a de plus en plus clairement un lien fort tenu entre la stabilité à long terme et même immédiat d’un pays et la pratique démocratique qui s’y déroule. Plus ces pratiques sont vertueuses, plus ce pays gagne en stabilité. En même temps, l’instabilité dans ses diverses formes est devenue si contagieuse que tout Etat souverain a intérêt à ce que son voisin vive dans la stabilité. Que sera par exemple le sort des voisins du Mali si à cause de ses crises cycliques, les islamistes radicaux y gagnent du terrain?
Tout ceci pour dire qu’aucun Etat ne peut sous le couvert de sa souveraineté, être indifférent à la dégradation de la situation démocratique et sécuritaire chez son voisin. Les plus importants défis (sécuritaires, démocratiques, climatiques, et autres), imposent aux décideurs africains des positions communes.
Youssouf Sylla