L’angoisse des premiers faux pas de la Transition !
Il m’a été donné de constater avec forte inquiétude, certains actes du nouvel homme fort de la Guinée. Hier, en ce jour solennel du 02 octobre 2021, commémorant le jour anniversaire de notre fête de l’indépendance nationale, le Président-Colonel, fraichement adoubé par une cérémonie historique d’investiture par la Cour Suprême sur la base d’une charte promulguée la veille sur les ondes et petits écrans de la Radiodiffusion Télévision Guinéenne (RTG), est sorti, parader et communier avec une foule nombreuse, massée le long de certaines grandes artères de notre capitale. Si cela peut rassurer un nouveau dirigeant, de l’adhésion populaire aux idéaux incarnés et l’espoir suscité, il faut de tout suite s’en préoccuper et appuyer sur la sonnette d’alarme. C’est un devoir patriotique d’attirer la haute attention de notre brave et héroïque PRESIDENT-LEGIONNAIRE sur les sentiers interdits en pareille circonstance que constituent le populisme et l’ivresse du pouvoir dont les ingrédients s’y trouvent en de tels endroits pour un dirigeant.
En effet, il est de notoriété publique que les Guinéens ont toujours eu le don de dérouter leurs CHEFS en les focalisant plutôt sur les oripeaux du pouvoir que sur l’essentiel de leurs missions. À ce titre, le Président Mamadi Doumbouya doit absolument s’éloigner des foules, car, elles constituent une drogue ou l’opium des chefs. Pour la simple raison que ce peuple est devenu très exigeant avec cette nouvelle génération de Guinéens façonnés par l’ère du numérique.
Par ailleurs, lorsqu’on s’assigne cette tâche messianique de REDRESSEMENT qui est une des cinq (05) « R » qui fondent les VALEURS du CNRD, on ne doit point chercher à se procurer une quelconque popularité. Reformer et changer font mal, surtout notre pays avec le niveau de déchéance morale atteint et inégalé dans la sous-région, aura nécessairement besoin d’une thérapie de choc pour en extirper le mal. C’est’à-dire des prélats aux petits voleurs à l’arraché ou simples maraudeurs, il nous faut être mis au pas. Cette œuvre ardue ne s’opèrera pas dans la complaisance mais plutôt dans le ROUGE ET LE NOIR cette couleur si chère aux magistrats des affaires pénales. Mais aussi par la légendaire intransigeance de Dame Thémis avec ses yeux bandés et son glaive en main levée au-dessus de tous, comme l’épée de Damoclès. Mon Président-Légionnaire, je vous veux plutôt craint d’abord que aimé.
De toute évidence, un autre paramètre de ce pouvoir pour lequel aucune erreur ne sera tolérée est cet écho non rassurant des noms des Premiers ministrables qui circulent. D’ailleurs, il semblerait selon ”le téléphone arabe” ou ”Radio Madina” qu’un des anciens noms proposés à l’issue des fortes convulsions sociales connues par notre pays en janvier-février 2007, serait très favori. À cet effet, je m’empresse d’attirer la très haute attention de Mon Colonel-Président, sur le fait que selon certaines sources concordantes, l’homme se serait reconverti en redoutable homme d’affaires. Il a souscrit à des actions dans une industrie évoluant dans l’agro-alimentaire appartenant à un opérateur économique très performant dans le monde économique guinéen et qui a trinqué avec le régime défunt. Le premier ”RÉCYCLAGE”passera malheureusement là. Donc, accepter de revoir votre carnet d’adresses et votre riche répertoire pour nous dénicher cet oiseau rare, sera le premier cadeau d’anniversaire que réclame avec insistance le valeureux peuple du 28 septembre 1958.
Aussi, je me refuse de croire qu’avec toutes ces cohortes de jeunes diplômés sorties de toutes ces Universités en Guinée et à l’étranger, nous sommes à aller choisir encore au sein de la vieille garde. Cette génération qualifiée de dorée parce que assez gâtée par les régimes successifs. Je le dis haut et avec force que si c’est en son sein que sera tiré le nom de ce PM qui doit vous assister dans votre exaltante mission, alors nul doute, je paris que vous avez déjà échoué.
Promener son miroir dans la société en vue de capitaliser est ce reflexe que tout bon CHEF doit constamment se prémunir. Sans chauvinisme, vous prier de vous inspirer de la ville de Kankan, où il a été pensé un modèle assez intelligent d’alternance générationnelle, est un sacerdoce auquel je vous invite humblement à vous inspirer. Une génération ayant été ramenée de trente (30) à vingt-cinq (25) ans de nos jours, là-bas, les groupes d’âges de tranches de cinq (05) ans d’intervalles ont été réunis en SÈRÈ par les sages. Et à eux, sont confiés l’animation socioéconomique et culturelle de la ville de Kankan par le phénomène de SÈRÈ. Par-dessus tout, ce vieux conflit de générations qui mine plusieurs communautés y a été atténué et ne se pose plus avec acuité. Ne pensez-vous pas que c’est une vraie aubaine que ce soit au sein de ce SÈRÈ titulaire de l’arène (Baraa) que nous soit venu l’actuel président de la République que vous êtes ? C’est tout un symbole sur lequel, il faut capitaliser.
De ce qui précède, il est choquant pour un progressiste de ouïr dire qu’on est entrain encore de rassembler des vieux et vieilles retraités comme Premiers Ministrables. Si cela s’avère, on a déjà échoué. Mon Colonel-Président Mamadi Doumbouya, qu’il vous plaise d’accepter d’abandonner tout ce lot de ”réchauffés” et tournez-vous vers l’avenir et l’espoir. C’est la même génération qui a toujours géré et elle est très solidaire dans le déni. L’ex-Président Professeur Alpha Condé les considérait comme ses jeunes. Seulement que lui-même Alpha CONDÉ a accédé à la magistrature suprême à soixante-douze (72) ans. C’est-à-dire, l’âge auquel feu le général est décédé des suites de longue maladie. Pendant ces onze (11) ans de gouvernance, plusieurs de ses anciens proches, compagnons de lutte de l’opposition et autres vrais amis (le pathétique témoignage du Ministre ESSY Amara de la Cote d’Ivoire en fait foi) ne l’ont pas reconnu dans l’exercice du pouvoir. Ne répétons pas les erreurs du passé. Monsieur le Président Mamadi Doumbouya, aucun de tous ceux-ci, sans exclusion ne doit être à nouveau dans l’opérationnel surtout, partout sauf au poste de PM. Nous n’avons pas besoin d’un vieux/vieille à la Primature. Avec votre permission, je suggère que l’âge soit compris entre soixante (60) – trente-cinq (35) ans.
Ce peuple est désormais vigilant et n’acceptera plus de compromission. Faites ce que Jerry Rawlings a fait. Laissez les procédures d’audits qui sont très formalistes et protocolaires. Optez pour les INSPECTIONS DES CONTROLES FINANCIERS CIBLÉS pour aller vite et bien dans la vaste opération : MAINS PROPRES ! La finalité et le seul but serait de récupérer les avoirs volés du laborieux peuple de Guinée. Les Guinéens n’ont pas de problèmes particuliers entre eux citoyens, il n’ya qu’une seule chose qui n’a pas prospéré depuis notre INDEPENDANCE : c’est la JUSTICE. J’ai connu l’injustice et l’arbitraire de la façon la plus flagrante, donc, je sais de quoi je parle.
Le salut sera seulement à ce prix !
Puisse Dieu guider vos pas ! Amen !
Conakry, le 03 octobre 2021
Souleymane DOUMBOUYA
Consultant Socioéconomique