La malhonnêteté est-elle guinéenne ?

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Les Guinéens sont devenus si croyants, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, qu’ils sont prêts à croire à tout et à n’importe quoi pourvu qu’ils aient l’illusion que c’est « ça » qui est la vérité.

Dans ce pays, n’importe quel truand, n’importe quel manipulateur peut s’improviser « homme » ou « femme » de Dieu, l’un peut devenir guérisseur en deux temps et trois mouvements et l’autre, « voyant » à l’improviste ; bref, tout le monde a une chance de devenir charlatan, quelle que soit la discipline, pourvu qu’il sache flatter le Peuple dans son inconscient. Et la politique n’échappe pas à cette tendance sectaire.

Les manipulateurs de la classe politique, se bâtissent des fortunes colossales en usant de montages ou de mensonges invraisemblables, car la naïveté semble être la chose la mieux partagée dans l’anthropologie guinéenne. Toutefois, les politiciens eux-mêmes et les apprentis-politiciens ont fini par se métamorphoser en gourous exceptionnels par cette faculté qu’ils ont apprise, après des années sous des régimes de désastre économique, d’emmener le « Peuple Guinéen » à croire en des choses exceptionnellement fausses. Par exemple, le « Peuple Guinéen » semble désormais convaincu que « voler n’a rien de grave » quand on est dans le gouvernement, pourvu que l’on se serve d’une partie de l’argent volé pour devenir opposant politique, même si cela a été fait au plus grand détriment du « bien public ».

Les Guinéens pensent aussi, et c’est une source d’incompréhension avec certains marabouts, ces pseudos acteurs religieux, que l’argent gagné malhonnêtement n’est plus un venin mais quasiment une eau bénite qui lave les péchés du monde politique, pourvu qu’il en donne une partie pour la bonne cause.

Comment comprendre qu’une bonne partie du « Peuple Guinéen » puisse penser que certains leaders politiques peuvent être exemptés de ces dizaines d’années de misère que nous avons vécues avant l’arrivée au pouvoir du Colonel Mamadi Doumbouya? Plus de 50 ans de ventes de nos produits précieux, bauxite, alumine, diamants, bois, etc. Pour quel résultat ? Un château d’eau sans eau potable ?

Le Peuple acclame des pillards, des voyous, des criminels, des corrompus jusqu’à la moelle … ceux qui sont restés au cœur du pouvoir avec Lansana Conté et Alpha Condé et ceux qui sont passés dans l’opposition avec « qui on sait ». Et le premier qui dénonce cette incongruité est traité plus sévèrement que la pire des vermines. Ils ont pourtant détruit la Guinée et ont provoqué plus ou moins volontairement une violence passive ou, en d’autres termes, un petit génocide qui ne dit pas son nom.

Comment des gens instruits font-ils pour encenser des voleurs, des bandits et des assassins ? Est-ce par aveu de faiblesse de caractère ou par ignorance qu’on fait cela ? Rien n’est moins sûr ! Ils vous traiteront de « misérable », de « ethnocentriste » ou de « famélique », quand bien même l’argent qu’ils ont acquis l’a été malhonnêtement. Ils en ont oublié jusqu’aux origines de nos parents : tous sortis de la forêt, et ils s‘enorgueillissent de leur prétendue supériorité qui n’a rien de commun avec la noblesse de l’âme de nos ancêtres.

Le massacre des pauvres et des très pauvres que nous défendons, et avec lequel nous vivons, n’aurait jamais été possible sans la complicité de ceux qui sont devenus les nouveaux champions de la politique guinéenne et que nous refusons de rejoindre. Pourquoi ? Essentiellement parce que, l’éveil des consciences ou comment devenir un homme libre a sonné.

Il faut le dire une fois pour toutes : cette classe politique, à quelques exceptions près, est responsable de l’état de délabrement de la Guinée autant ou plus que Lansana Conté, Dadis Camara, Sékouba Konaté ou Alpha Condé. Ils ont détourné de nombreux contrats d’Etat à leurs avantages, ils ont procédé à des montages inacceptables.

Leur attitude d’aujourd’hui n’est qu’une pure posture et une façade. Ils ne peuvent rien pour la Guinée et ne feront jamais rien, pas plus que ce qu’ils ont déjà prouvé. Si cela était possible, le Peuple aurait déjà constaté quelques réalisations positives pour le « bien public ».

Cette classe politique ne cherche qu’à retrouver les avantages du système perdus par une manipulation d’un peuple épuisé, mais nous, patriotes épris de JUSTICE et d’équité, voulons la fin définitive du système dont ils sont des piliers d’une manière ou d’une autre. Il suffit de voir comment ils vivent pour comprendre …

Ce qui est certain, c’est que la Guinée doit changer. Par un bouleversement total du système. S’il y a bien une chose pour laquelle on est prêt à sacrifier sa propre vie, c’est l’enterrement définitif du système. Mais la fin du système est bien différente des petits tours de passe-passe qu’on essaie de nous monter avec X ou Y au nom d’on ne sait quelle supériorité épidermique et qui sont gênants à plus d’un titre. Tout ça pour ça ?

Après toutes ces années, ne sommes-nous donc toujours que des « nègres » incapables de penser par eux-mêmes ? Devrions-nous toujours utiliser ce vocable qui interdit dans les autres cultures ?

Si c’est cette conception de la Guinée qui reste primordiale, si nous ne valons rien par nous-mêmes, et nos complexes nous restent accrochés au dos jusqu’à la fin des temps alors rendons les armes.

Refuser de stagner dans l’ignorance, la peur ou la soumission, est-ce un crime pour ceux qui sont prêts à tout pour réussir ? Combien de temps pouvons-nous tenir encore dans le mensonge et la compromission ? On aurait peur d’entendre la réponse de ceux qui n’ont pas envie de résister, même un peu … pressés qu’ils sont de signer eux-aussi des « pactes avec le diable ». Ils nous trouveront devant eux quel que soit le prix à payer, y compris notre propre disparition. Le système doit s’anéantir et nous devons être prêts à nous sacrifier.

La malhonnêteté est-elle guinéenne ?

Ousmane Boh Kaba

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