Verbiage intellectuel et mirage démocratique : la menace d’un fléau ! (Tibou Kamara)

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Tout le monde peut aspirer en Démocratie, par le biais d’élections inclusives et régulières, à exercer le pouvoir à travers un mandat. Et les élus disposent du pouvoir de nomination pour remplir leur mission, honorer et mériter, dans les faits et par les actes, la confiance placée en eux.

Mais, dans le lot des innombrables prétendants au pouvoir et des nombreux candidats aux postes combien ont le bon profil et la moralité requise ? Rien qu’à suivre le débat public où toutes les prétentions sont exposées sans la moindre retenue ni humilité, on comprend que plutôt qu’un désir de l’alternance crédible proposée aux Guinéens, c’est la rage, l’impatience de ceux qui aspirent à la succession et la frustration d’ambitions personnelles (tardant à se réaliser) qui s’expriment. Ce n’est pas nouveau ni impressionnant, parce que de tout temps le pays subit, dans la répétition fastidieuse d’une histoire paresseuse, les appétits de pouvoir trop prononcés et les vanités intellectuelles et politiques. Heureusement que l’illusion d’être devenu quelqu’un dans le monde virtuel des médias et les tranchées de réseaux sociaux hospitaliers, ne sert qu’à flatter l’égo des simples d’esprit. Les mauvaises intentions aussi ne sont suivies que de l’effet d’actions velléitaires exprimées dans la passion sur des plateformes sans grande portée.

Le peuple, lui, sait où il va et ne se fie pas aux commentaires pessimistes et prises de positions irrationnelles qui traduisent davantage des états d’âme, des blessures personnelles intimes, qu’ils ne seraient l’expression d’une volonté sincère de changer quoi que ce soit dans la société, ou d’apporter aux Guinéens des solutions à leurs problèmes.

Au contraire, en attendant, sans doute dans leur grande naïveté et ambition inavouée de prendre possession de la Guinée et d’être ceux qui décideront du sort des Guinéens, ils veulent créer des problèmes à toutes les occasions, et s’en prendre aveuglément à quiconque n’est pas d’accord avec eux ou serait une menace pour leurs manœuvres. D’où leur agressivité dans le ton et leur susceptibilité dans le débat.

Ironie du sort, ils se prétendent de “grands démocrates” et justifient leur “engagement “, intéressé et somme toute douteux, par le souci de défendre et promouvoir des droits citoyens et des libertés démocratiques. Peut-on se dire démocrate avec une prétention de pensée unique, revendiquer d’être patriote lorsqu’on traîne dans la boue son pays et méprise ses institutions et tous ceux qui les incarne et les dirige ?

On verra où tout cela les mènera et ce qu’ils pourraient en tirer comme bénéfice, en se rappelant qu’on ne peut interdire aux autres ce qu’on s’est permis, qu’on récolte toujours ce qu’on a semé, et que ce qu’on a fait subir aux autres, viendra aussi le jour de le subir à son tour.

Les Guinéens, cette majorité silencieuse consciente et lucide, imaginent ce que pourrait devenir la Guinée et quel pourrait être le sort des Guinéens si des esprits chagrins et exaltés, hostiles à toute différence, incapables de la moindre tolérance, venaient, par malheur, à disposer d’un quelconque pouvoir de décision

Des pays qui se sont laissés tenter par l’aventure de la démagogie, ou des peuples qui sont tombés dans le piège sans fin des révolutions promises, vivent aujourd’hui dans le regret de la paix et de la sécurité perdues, ainsi que l’amertume du progrès interrompu et d’une vie plus éprouvante qu’avant.

Les Guinéens, qui ne vivent pas en marge du monde et de l’histoire, voient bien que les mêmes qui promettent monts et merveilles et qui croient avoir pour vocation de semer le désordre et le chaos, finissent souvent par devenir le cauchemar du monde d’après, quand ils auront ruiné tous les acquis et étalé leurs limites aux yeux de tous. Des expériences dramatiques dont les élites ne se servent jamais pour déterminer la conduite à tenir, trop pressées et préoccupées qu’elles sont d’arriver à leurs fins, mais qui inspirent à tous les peuples un effort de discernement et de vigilance et précipitent leur maturité. Aussi, dans bien des cas, le discours politique mirifique est-il décalé du sentiment profond dans la société et du bon sens commun tirés du vécu et de l’histoire. Chacun peut dire et penser ce qu’il veut, le peuple gardera toujours sa sérénité et décidera par lui-même et pour lui-même de son avenir et de son destin.

Chacun sait que même les changements les plus souhaités ont leur part de déconvenues, ceux qui arrivent à pas forcés, en dehors du cadre légal et normatif, presque à tous les coups, les peuples les ressentent durement dans leur chair et leur âme, sont marqués par la désolation et la ruine et font le malheur de tous dans l’insécurité créée et la pauvreté accentuée.

Dieu qui aime la Guinée lui évite d’avoir à sa tête ou de suivre des citoyens qui pensent que sans eux, le pays n’a pas droit au bonheur, à la paix, à la prospérité, au respect, à la dignité pour ses dirigeants et ses institutions.

Ils ont toujours pensé que la Guinée les attend, ils ne réalisent toujours pas qu’il y a longtemps déjà qu’elle ne les entend plus. Elle n’aime que ceux qui l’aiment, ne se donne qu’aux meilleurs de ses fils qu’elle choisit, et non à ceux qui voudraient s’imposer à elle sans en avoir la capacité ni la légitimité.

Il en est ainsi aujourd’hui, il en sera ainsi demain.

Tibou Kamara

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