Rebaptisation de l’aéroport de Gbessia : une décision salutaire du CNRD ou une décision inopportune ?

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L’aéroport international de Conakry Gbessia s’appelle désormais : AEROPORT INTERNATIONAL AHMED SEKOU TOURE. Oyééé ! Oyééé !

En effet, depuis la publication hier Jeudi ,17 Décembre 2021, du Décret portant changement de dénomination de l’aéroport international de Conakry Gbessia, des commentaires vont tous azimuts. Si l’écrasante majorité de l’opinion a accueilli d’un bon œil et salué cet acte audacieux et hautement historique du CNRD à sa juste valeur, pour d’autres par contre, notamment l’association des prétendues victimes du camp Boiro, c’est une provocation.

Nul ne peut effacer de la conscience collective la lutte historique et la grandeur du Président Ahmed Sékou Touré. Savez-vous qu’après les deux premières guerres mondiales De Gaulle a fait passer par des armes des milliers de français de souche, considérés à l’époque comme étant des traitres ou des collabos?

Mais, malgré cela, ce Président français reste l’une des plus grandes figures pour ne pas dire la plus grande de l’histoire de l’Hexagone. Il est vénéré et célébré.

Le Président Sékou Touré mérite bel et bien d’être réhabilité, car il est le plus grand des chefs d’Etat que l’Afrique ait eus. Il mérite le respect et la considération de tous, n’en déplaise à ces aigris sociaux.

Les victimes du camp Boiro ?

Plutôt que de se limiter aux gesticulations mémorielles ou de rabaisser le débat au rang des scènes auxquelles le peuple ne comprend rien comme je l’ai dit dans l’une de mes précédentes publications, ces prétendues victimes de la première République feraient mieux aujourd’hui de demander la réouverture des procès, puisque la loi leur en donne le plein droit. À l’issue de cela, l’Etat pourra s’engager dans un éventuel processus de rétablissement de la mémoire des innocents.

Pourquoi, le CNRD n’a-t-il pas donné le nom de cet aéroport à Telly Diallo, Kaman Diaby ou autres ? S’interrogent certains citoyens qui brandissent le fait que le Palais présidentiel porte déjà le nom du premier Président de notre pays pour justifier leur position.

En plus du fait que ces deux personnalités n’atteignent aucunement la cheville, en terme de grandeur, du camarade Ahmed Sékou Touré, il serait très mal indiqué de donner le nom d’un édifice public à une personne dont le nom est cité dans un dossier de complot.

En effet, avant de rétablir la mémoire de qui que ce soit, la bonne démarche serait de mettre en place un Organisme chargé de la réconciliation dans le cadre de la mise en œuvre de la valeur Rassemblement d’un des cinq axes d’actions prioritaires du CNRD qui doit avoir pour mission de rouvrir les procès et demander à la France la déclassification de tous les dossiers relatifs aux complots que notre pays a connus depuis 1958. Cela nous permettra de savoir qui est bourreau, qui est innocent. Nul besoin d’affirmer ici que ces dossiers existent bel et bien dans les archives françaises.

Il importe également de rappeler que c’est sur la base des verdicts rendus par les Tribunaux populaires révolutionnaires que ces prétendues victimes ont été condamnées.

Si le Président Sékou Touré avait fait l’objet d’une condamnation judiciaire internationale ou de l’opinion nationale, on aurait un peu compris les réactions de ces éternels insatisfaits. Mais, il n’en est rien pour le moment.

En clair, pour éviter de porter atteinte ou de mutiler la mémoire collective du vaillant Peuple de Guinée, il faut s’assurer de l’innocence d’une personne avant de célébrer sa mémoire. Il n’est nullement aberrant de faire des commisérations, mais ce serait très mal vu de faire croire que des citoyens dont les noms ont été cités dans des complots avaient raison pour leurs manœuvres contre leur propre pays, alors qu’il y a aussi d’autres dans le même cadre qui semblent aujourd’hui être dans les oubliettes, c’est franchir l’infranchissable. Donc, aller au-delà des limites.

 

Bref, comme dirait l’autre, ni le temps, ni les passions ne peuvent faire disparaitre le nom du Président Sékou Touré. Il est et reste éternellement gravé dans la mémoire collective de l’opinion.

Sayon MARA, Juriste

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